Les métastases hépatiques en ligne de mire

Une équipe Inserm vient d’identifier des gènes spécifiquement dérégulés dans les métastases hépatiques du cancer du côlon, codant pour autant de protéines impliquées dans la migration, l’adhésion, la prolifération et la survie de ces cellules tumorales. Ces protéines pourraient servir de cible à de nouveaux traitements, plus spécifiques et efficaces.

A l’Institut de recherche en cancérologie de Montpellier, une équipe de chercheurs de l’Inserm* vient d’identifier 33 gènes impliqués dans l’apparition des métastases hépatiques provenant d’un cancer primitif du côlon. Ce travail mené en collaboration avec les cliniciens de l’Institut régional du cancer de Montpellier cherche à améliorer la prise en charge de ces métastases. Chacun de ces gènes code pour une protéine qui devient dès lors une éventuelle cible thérapeutique. 

Une signature moléculaire à part

Près de 40 % des patients atteints d’un cancer du côlon développent des métastases qui vont le plus souvent se loger dans le foie. Ces métastases aggravent fortement le pronostic des patients et tous les efforts sont bons pour prévenir leur apparition et les éradiquer. Pour cela, de nouveaux traitements sont nécessaires. L’idée des chercheurs était donc d’identifier une signature moléculaire spécifique de ces métastases, afin de mieux comprendre les mécanismes en cause dans leur apparition et de détecter des protéines indispensables à ce processus. 

Dans un premier temps, l’équipe a recherché quels étaient les gènes dont l’expression est dérégulée dans les cellules de métastases hépatiques des patients atteints d’un cancer primitif du côlon. Plusieurs gènes ont été identifiés et leur profil d’expression a été comparé à celui de cellules issues de tumeurs primitives du côlon, de métastases provenant d’un cancer du sein ou encore d’autres types de métastases situées ailleurs dans l’organisme. Les chercheurs ont constaté que les profils d’expression de ces gènes étaient très variables en fonction de ces différents cas de figure et ont pu conclure que ces 33 gènes présentaient une dérégulation spécifique, propre aux métastases hépatiques d’origine colique. 

Plusieurs cibles simultanées

La moitié de ces gènes code pour des protéines impliquées dans l’organisation de la matrice extracellulaire, des protéines d’adhésion cellulaire ou encore des protéines impliquées dans l’angiogenèse, un processus qui assure l’alimentation et l’oxygénation des cellules tumorales. Autrement dit, elles participent à la migration des cellules tumorales dans l’organisme et à leur installation dans le foie. « L’idée est maintenant de développer des traitements ciblés contre plusieurs de ces protéines, afin de perturber l’interaction des métastases avec l’environnement hépatique. Certaines des protéines identifiées sont déjà connues et il semble tout à fait envisageable de développer des inhibiteurs enzymatiques ou des anticorps monoclonaux dirigés contre elles. La difficulté majeure sera de cibler simultanément plusieurs de ces protéines tout en limitant les toxicités associées », prévoit Pierre Martineau, coauteur des travaux. 

Note

Unité 896 Inserm / Centre de lutte contre le cancer Val d’Aurelle, Université Montpellier 1, Institut de recherche en cancérologie de Montpellier 

Source

M. Del Rio et coll. Specific Extracellular Matrix Remodeling Signature of Colon Hepatic Metastases. PLoS One du 4 septembre 2013, 8(9): e74599. doi:10.1371/journal.pone.0074599