Le stress oxydatif, nouvelle cible contre l’endométriose

L’endométriose sévère semble fortement associée au stress oxydatif. Ce dernier apparaît donc comme une nouvelle cible thérapeutique pour freiner la progression de la maladie. A l’hôpital Cochin, des chercheurs de l’Inserm s’y emploient.

Le stress oxydatif pourrait bien être la cible des prochains médicaments contre l’endométriose. A l’hôpital Cochin, une équipe Inserm dirigée par Frédéric Batteux, en collaboration avec Charles Chapron, vient en effet de montrer que les formes sévères de la maladie gynécologique sont associées à un stress oxydatif important. De plus, leur travaux suggèrent qu’en bloquant ce phénomène, on pourrait inhiber la prolifération des cellules endométriales.
 

Qu’est-ce que le stress oxydatif ?

Il ne faut pas confondre le stress oxydatif avec le stress psychologique. Le stress oxydatif est phénomène lié au fait que notre organisme produit en permanence des substances toxiques pour nos cellules : les radicaux libres. Normalement, un système de détoxification permet de s’en débarrasser. Mais il arrive que ce système ne soit pas suffisant. Les radicaux libres vont alors s’accumuler et causer des dégâts : c’est le stress oxydatif. 

L’endométriose est une maladie caractérisée par la présence de cellules de l’endomètre en dehors l’utérus (cellules ectopiques). Dans les formes superficielles, les moins graves, ces cellules migrent jusqu’à l’enveloppe qui entoure les organes pelviens et abdominaux (le péritoine) et y forment de petits nodules. Dans les formes plus sévères, dites profondes, la migration ne s’arrête pas là et les cellules gagnent différents organes comme l’ovaire, la vessie ou encore la paroi intestinale. Cette localisation anormale est associée à une inflammation importante. Elle provoque des douleurs, en particulier au moment des règles, et parfois une infertilité. Une chirurgie est alors souvent nécessaire pour supprimer les nodules. 

Des molécules à l’essai

Cellules déciduales de l'utérus
© Inserm, C. Le Goascogne Cellules déciduales de l’utérus in vitro. Endomètre.

Par ailleurs, pour soulager leurs maux, les patientes doivent prendre des traitements hormonaux (progestatifs ou oestroprogestatifs) destinés à interrompre le cycle ovulatoire responsable des poussées douloureuses. Cette prise en charge, aussi efficace soit-elle, empêche les jeunes femmes d’envisager une grossesse. Les chercheurs planchent donc sur de nouvelles approches thérapeutiques non hormonales.

Des travaux antérieurs ont montré que les cellules endométriales ectopiques contiennent de nombreuses protéines oxydées, signe d’un stress majeur contre lequel il serait possible de lutter avec des médicaments. Pour suivre cette piste, les chercheurs de l’hôpital Cochin ont prélevé du liquide péritonéal chez 150 jeunes femmes atteintes d’endométriose et ont y recherché des protéines oxydées. Ils ont alors constaté que les femmes souffrant d’une forme profonde de la maladie présentaient un stress oxydatif majeur au niveau du péritoine. « A ce stade nous ne savons pas si l’endométriose est à l’origine de ce stress ou si c’est l’inverse. Mais des expériences conduites in vitro montrent que le fait d’inhiber ce stress oxydatif bloque la prolifération des cellules endométriales », décrit Pietro Santulli, co-auteur des travaux. 

Les chercheurs ont commencé à tester l’effet de molécules qui interagissent avec les voies du stress oxydatif in vitro et in vivo chez la souris. Ils espèrent en identifier une qui freinera efficacement la multiplication et la diffusion des cellules ectopiques. La molécule idéale devra aussi réduire l’inflammation et les douleurs. 

Note
*unité 1016 Inserm/CNRS/Université Paris Descartes, Institut Cochin, Paris 

Source
P. Santulli et coll. Hum Reprod, édition en ligne du 5 novembre 2014